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  • Photo du rédacteurDelphine Chenu

ANASTASIA, une femme inspirée par la Nature, pour des Naissances plus Libres et Humaines.

CHAPÎTRE 3:

“ Le Québec, une autre expérience riche de sens : aux sources de la sage-femmerie ”

- Naissances naturelles

- Maisons de naissances

- Libres d’enfanter

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Delphine

Et lors de ton expérience au Québec, qu'est-ce qui t'a marqué ?


Anastasia

Le Québec, ça a été une expérience incroyable pour moi. J'étais jeune, c'était vraiment au tout début de mes “explorations de naissance”, je crois que je n'avais même pas encore fini mes études. Je devais avoir 21, 22 ans.

J'avais décidé de partir seule, une seule place était disponible pour ce voyage.

Là-bas, j’étais en Maison de Naissance, qui est une structure de soins aux femmes et aux familles, gérée essentiellement par des sages-femmes.

Ce sont donc des naissances naturelles, qui accueillent des femmes et des grossesses qui ne sont pas pathologiques.

En pratique, c'est comme une maison avec des chambres d'accouchement, quelques bureaux et une petite cuisine.

On y trouve tout le matériel médical nécessaire, bien rangé dans les placards !

C’est un lieu de vie, qui accueille la naissance de la vie.


Delphine

Est-ce que ça existe en France ?


Anastasia

Non, pas réellement pour l’instant. Il y a quelques projets pilotes qui ont permis la création de 5 maisons de naissances en France, car envisager cette façon d’accompagner la naissance posait question dans le système de soin français.

Depuis quelques années, il y a eu quelques maisons de naissance créées et en activité, et il avait été proposé d’ouvrir à la création de 12 nouvelles maisons de naissances dans notre pays, pour permettre d’aller vers l’établissement concret de cette offre de soins pour les familles.

Ces projets sont en cours, et j’ai bon espoir qu’ils verront le jour pour le bien des familles et de la communauté.

Vous pouvez trouver plus d’informations sur le site du collectif Maison de naissance : https://accoucher-maison-naissance.fr/collectif-maisons-naissance/

Dans la région, il y a une maison de naissance en train d'être bâtie par des pairs sages-femmes, qui ont créé une association “Naissance en n’Or”.

Or, ce n’est pas simple en France, parce la notion du risque prend encore énormément de place et la vision de l'accouchement naturel et de l'autonomie des sages-femmes, est encore à “élargir” : l’heure est à la réassurance et à la revendication de cette liberté pour chaque femme française, qui est digne de choisir comment, ou et avec qui enfanter en toute sécurité.


Au Québec, les maisons de naissance et les accouchements à domicile ont été intégrés au système de soin de santé, il y a quelques années, suite à une re-légalisation de la profession de sage-femme en 1999, grâce à des femmes “sages”, pionnières, qui ont continué à accompagner dautres femmes dans leurs enfantements notamment à domicile, malgré la non reconnaissance légale de la profession.

Ces accouchements à domicile, non-officiels, ont pu faire revaloir la profession de sage-femme et créer une uniformisation des pratiques, en définissant la sage-femmerie comme les compétences de la sage femme, comme étant la gardienne de la physiologie, et rassembler les sages-femmes dans l’optique d’une pratique extra-hospitalière, centrée sur l’accompagnement de la physiologie de la femme et de la naissance.

C’est à mon sens, ce qui manque aujourd’hui, au coeur de notre profession, un regard commun sur les fondements de notre pratique autour des femmes et des familles, afin de nous sentir plus en paix avec notre place de sage-femme dans la communauté.


J’ai une autre histoire à te raconter, au sujet d’une naissance en maison de naissance là-bas, la première de ma vie…

Ce voyage au Québec a été très initiatique, je suis arrivée là-bas, j'avais le vol dans les pattes, le stress de l'inconnu, je suis arrivée dans la maison de naissance, cela ne faisait même pas 24 heures que j'étais sur place, on m'a dit:

« Tu vas suivre telle sage femme, comme si tu étais son ombre ” .

Il y avait plusieurs accouchements en cours, je ne connaissais personne dans la structure, et on m'a dit:

« Viens, c'est toi qui va accompagner ce couple là, avec cette sage-femme”.

Je suis rentrée dans la pièce, le bébé était quasiment en train de naître, la maman était dans la baignoire, ensuite, elle s'est levée pour aller sur le lit.

Elle s'est mise à quatre pattes et là, en fait, la sage-femme et moi, on s'est mise dans un petit coin, et on a juste regardé cette femme mettre au monde son bébé et c'est tout.


Je me sentais comme dans un film, j'étais complètement fatiguée et tout à coup,

elle met son bébé au monde.

Et là, il y a les premiers flocons de neige de la saison tombaient par la fenêtre.

Je me sentais un peu... bête, tu vois, d'assister à ça et de me dire:

« En fait, c'est juste simple, il n’y a rien à faire. ”

On était là, on regardait, elle prenait son bébé.

On allait juste laisser le cordon battre, puis le placenta est sorti.

Et puis c'est tout. C'était SIMPLE.


Je me souviens, je suis allée avec elle dans la salle d'à côté avec la sage-femme,

et je lui ai dit: “Mais vous ne lui mettez pas de perfusion, il y a pas de monitoring ?”

Elle m’a dit : “Non, pas du tout. Mais vous êtes fous en France ou quoi ?”

Elle m'a répondu vraiment comme ça.

Ça lui paraissait évident de laisser la nature faire.

Et je me souviens qu’elle m’a répondu : “Vous ne faites pas comme ça en France ?”

et face à mes explications, elle m’a regardée incrédule… “Mais, vous êtes fous !” (rire)


J’ai donc assisté à de nombreux enfantements dans cette maison de naissance, de ce type là, où les femmes accouchent, les bébés naissent en toute simplicité, et nous, sages-femmes, nous sommes là, nous les accompagnons.

Telles d’attentives “spectatrices” devant un chef d'œuvre !


Bien sûr, il y a eu aussi quelques situations d'urgence qui ont été assez fortes, mais qui ont toujours été très bien vécues par les couples et les sages-femmes.

C'est là que je me suis rendue compte que le système de santé pouvait vraiment s'articuler autour de ces familles qui faisaient ce choix là, sans mettre en danger ni l'enfant ni la femme et en permettant à la sage-femme aussi d'accompagner au travers de toutes ses compétences.


Ces expériences m’ont beaucoup nourrie en tant que sage-femme, bien sûr, mais aussi en tant que femme.

Voir une autre femme enfanter dans cette liberté, dans cette simplicité, je trouve cela incroyable !

C'est ça, ma flamme encore aujourd’hui, et j’apprends toujours tellement grâce aux naissances. C'est là, dans cet espace entre maîtrise et apprentissage, que j'ai envie de me placer pour accompagner les couples.


Suivez la Saga de l'été en découvrant Anastasia, Gardienne des Passages,

Chapitre 4, mercredi prochain à 11H30 !


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Instagram Anastasia_Dussaussoy




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